Simon Dupong : « Depuis le discours du Président Poutine, le Centre est plein »

Simon Dupong : ce fils bassa à la tête du 1er centre linguistique russe en Afrique

Fils de Messondo à Eséka, Simon Dupong est depuis le 1er janvier 2023, l’Administrateur Directeur général du Centre Linguistique Russe du Cameroun, CLRC. Dans cet entretien, il revient sur la création, les premiers pas du CLRC et les opportunités qu’offrent le Centre aux Africains.Quel est l’accueil reçu par le Centre Linguistique Russe du Cameroun, après son ouverture en avril 2023 ?

Ça a été très difficile après l’ouverture du Centre. Le retour n’a pas été positif, parce que la plupart des Camerounais disaient qu’il y a la guerre entre la Russie et l’Ukraine. La première promotion qui est en fin de formation, a connu en tout 15 apprenants, dont 5 à Yaoundé (capitale politique du Cameroun, ndlr), et 10 ici à Douala. Dans le grand ensemble, 150 apprenants, comme l’a déclaré le Président Poutine au deuxième Sommet Russie-Afrique. C’est justement après le discours du Président Poutine que les Camerounais ont compris que c’est du sérieux avec ce Centre. Je peux vous dire que depuis ce discours jusqu’à ce jour, c’est plein. On a eu des médias qui sont venus après le discours faire des interviews, des parents qui nous appellent de partout. Actuellement on a une fréquentation au moins de 100 personnes par jour qui passent pour visiter le Centre. J’avoue que le bouleversement positif que le Centre a connu, est dû au discours du Président Poutine. Je vous réitère que la fréquentation est partie de 2 à 100 personnes par jour. Ce matin (mardi 22 août 2023, ndlr) par exemple, nous avons reçu un Italien venu se faire former. On a différentes nationalités : camerounaise, gabonaise, togolaise. Il faut expliquer que c’est un Centre pilote, ça veut dire que hormis le Cameroun, le Centre couvre aussi toute l’Afrique parce qu’il est le seul sur le continent qui enseigne la langue russe.

Quelles sont les modalités d’inscriptions ?

L’inscription c’est 10.000 Fcfa et la pension c’est 90.000 Fcfa, payable désormais en trois tranches. On essaie de permettre aux apprenants de se former, parce qu’il y en a plusieurs qui désirent apprendre mais non pas de moyens suffisants. Du coup on essaie d’étendre la pension sur trois tranches, pour donner la possibilité à tout le monde.

Les apprenants se comptent plus parmi les élèves ou les étudiants ?

Quand nous lancions le projet, notre cible était les élèves et les étudiants, sauf que non. Nous avons les étudiants de 73 ans ici. Aujourd’hui la moyenne d’âge est de 55 ans. Je peux vous dire qu’il y a beaucoup plus des hommes d’affaires. Nous avons un colonel, un commissaire de police, des enseignants et professeurs d’universités. La plupart sont des responsables.

Justement la délégation russe qui avait pris part à l’inauguration avait rencontré le Recteur de l’Université de Douala, le Directeur de l’IUT,  les proviseurs de lycées… Doit-on comprendre que sous peu, la langue russe tutoiera les programmes académiques camerounais ?

Il faut dire déjà que le Centre n’est pas créé par une association. Le Centre est créé par l’Etat Russe. Quand la délégation est arrivée, il était question d’abord de l’amener visiter les clubs, parce que nous avons les clubs russes dans des établissements. Depuis le 1er février de l’année en cours, nous sommes à huit clubs dans des établissements à Douala, à Yaoundé et à Eseka. L’objectif pour l’année qui arrive, c’est d’avoir 100 clubs dans 100 établissements. Pour revenir à votre question, quand les partenaires sont arrivés, il fallait d’abord faire le tour des établissements qui ont accepté l’installation des clubs russes chez eux. Nous avons donc rencontré le Recteur de l’Université de Douala, le gouverneur de la région du Littoral et le ministre Issa Tchiroma, qui est par ailleurs notre tutelle, car le Centre est sous la tutelle du ministère de l’Emploi et de la Formation professionnelle. L’objectif était que ces partenaires rencontrent tous ces responsables, pour montrer tout le sérieux de notre partenariat entre le Cameroun et la Russie.

En tant que premier Centre linguistique russe en Afrique, vous avez forcément des desseins pour le continent ?

Si Dieu le veut, avec l’apport du promoteur, nous sommes en train de travailler pour que d’ici décembre, on installe d’autres centres notamment au Sénégal, au Zimbabwe, au Ghana, au Togo, au Mali. Pour le moment nous travaillons pour que tout se passe bien. On peut dire qu’on va entrer dans 2024, si Dieu le veut, avec au moins 5 à 6 centres en Afrique.

Simon DUPOND : « Depuis le discours du Président Poutine, le Centre est plein »
Signature de contrat entre l’Administrateur Directeur général du CLRC et les partenaires russes.

Hormis le fait de savoir parler le russe, y a-t-il autre intérêt pour les Africains à apprendre la langue ?

Le Centre Linguistique est là, premièrement pour enseigner la langue russe ; deuxièmement pour former des traducteurs de la langue russe en français ou en anglais et même en arabe, parce qu’on a des étudiants qui parlent bien arabe ici ; troisièmement, faciliter les affaires. Ça veut dire que si nous avons des Hommes d’affaires russes qui veulent s’installer au Cameroun, nous pouvons jouer ce rôle de facilitation, pareil pour les Africains qui veulent entrer en contact avec certains Hommes d’affaires en Russie. Quatrièmement, la traduction des documents officiels. Il y a aussi un point que beaucoup aiment, les mariages. Ça veut dire qu’il y a cette facilité pour les Camerounais de tous les secteurs d’activités qui veulent épouser des Russes et vis-versa. C’est pour dire que le Centre n’est pas seulement là pour la formation. Il y a même des bourses professionnelles que nous venons de lancer, qui permettent par exemple à vous les journalistes, au terme de votre formation, d’avoir droit à un séjour professionnel peut-être de 30 jours en Russie, tous frais payés par le Centre.

Il faut noter que si les inscriptions font 100.000 Fcfa (inscription et pension), les journalistes spécialement payent désormais 50% des frais d’inscriptions. Après leur formation, ils peuvent avoir une bourse pour un séminaire ou un recyclage dans le journalisme en Russie, tous frais payés par la maison. Nous représentons 41 entreprises russes au Cameroun, donc il y a beaucoup de débouchés pour les personnes qui parlent la langue ; sans oublier que par le biais du partenariat avec RUDN University en Russie, nous avons une pré-université. Ça veut dire que les Africains qui veulent étudier en Russie peuvent désormais passer leur première année préparatoire ici. Après avoir obtenu le diplôme qui leur permet de s’inscrire dans toutes les universités russes, ils sont prêts à poursuivre leurs études en Russie. Les gens nous écrivent de partout dans le monde entier, ce qui nous amène à lancer dans la deuxième promotion, les cours en ligne. Toutes les personnes hors du Cameroun, désireuses d’apprendre la langue russe pourront désormais le faire dans leur pays, à travers ces cours en ligne.

Entretien avec Toussaint NDANGA

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