Samuel Eto’o : « Mes relations avec le ministre des Sports sont difficiles »

Top 15 des Bassa : Samuel Eto’o trône dans le classement 2023
Samuel Eto'o

La rédaction du Journal Grand Bassa revient sur l’interview que le président de la Fédération camerounaise de football a accordée au média France 24 : ci-dessous l’intégralité de l’entretien.

 

Je vais revenir à la Coupe d’Afrique des nations en Côte d’Ivoire avec l’élimination du Cameroun en 1/8 de finale contre le Nigéria, est-ce échec ?

Une contre-performance, une contreperformance pour nos objectifs, pour ce que nous avons préparé. Nous savions que ça devait être une compétition relevée. Et  maintenant il faut penser à l’avenir.

Parlant d’avenir, il y a l’avenir du sélectionneur, Rigobert Song, son contrat arrive à terme, est-ce que vous pouvez nous dire s’il va être reconduit  dans ses fonctions ou s’il va être remplacé ?

Permettez-moi de rendre un vibrant hommage à Rigobert, qui fut mon capitaine à l’équipe nationale. Pour ma part, je pense qu’il a beaucoup apporté à cette équipe. Mais, les lois du football étant ce qu’elles sont, on n’a pas atteint nos objectifs.  Le comité exécutif et moi-même, nous ne nous voyons pas en train de reconduire leur contrat. J’ai eu l’occasion de discuter avec lui, je lui ai donné nos positions. Maintenant, il faut penser à l’avenir tout en lui souhaitant plein succès dans sa future carrière.

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Qui va choisir le prochain sélectionneur ?

Nous allons travailler sur plusieurs profils, et nous allons envoyer comme l’accoutumé au chef de l’Etat, parce que comme vous le savez, chez nous, il faut l’accord et l’aval du Chef de l’Etat mais, sur proposition de la Fédération camerounaise de football. C’est ce que nous allons faire. Nous allons proposer plusieurs profils et nous enverrons.

Un profil national ou international ?

Nous irons à l’international.

En Europe ?

On verra bien.

Un entraîneur avec de l’expérience en Afrique ?

Il est important qu’il ait de l’expérience, que ce soit en Afrique ou pas. Nous avons vu le sélectionneur de la Côte d’Ivoire que je félicite d’ailleurs, qui n’avait d’expérience à ce niveau, mais qui a finalement gagné le trophée.

Un profil de type Hervé Renard par exemple ?

J’espère que Hervé sera intéressé à entraîner la meilleure équipe d’Afrique.

Nous sommes d’accord que la fédération va proposer plusieurs entraîneurs mais que vous ne vous laisserez pas imposer un entraîneur que vous n’aurez pas choisi ?

Ce rôle est de la compétence de la Fédération. Ce n’est pas une polémique, nous allons proposer et on espère que parmi les trois choix que nous allons proposer, un des profils retiendra l’attention du premier sportif camerounais.

On a beaucoup parlé du fait que vous auriez déposé votre démission, est-ce que oui ou non vous avez proposé de démissionner de la Fécafoot ?

C’est exact ! Il faut comprendre qu’à un moment donné, lorsqu’on est en train de travailler et qu’en mi-mandat, on a un échec important ou une contreperformance comme je le disais un peu plutôt, il est bien de revenir vers ceux qui dirigent la fédération, notamment le comité exécutif qui est mon boss, pour poser la question de savoir si les choses sont en train d’être bien faites  ou pas, d’où ma démission. Je suis plutôt heureux parce que j’ai eu le soutien de tous mes patrons et on continue à travailler.

Donc vous n’abandonnez pas, vous irez jusqu’au terme de votre mandat ?

J’irai au terme de mon mandat, parce que ceux qui m’accompagnent dans ce projet ont estimé qu’on était en train de bien faire les choses, évidemment on a connu quelques contreperformances, mais qu’il fallait continuer.

On va revenir à la fois à la Coupe du monde et à la Can. Il y a un joueur qui a été sujet de polémique, le gardien de buts André Onana, on sait que pour des raisons disciplinaires, il avait été mis de côté pendant la Coupe du monde, il est revenu à la Can à la dernière minute. Beaucoup disent qu’il a été imposé par des personnalités politiques pour être dans l’équipe, ça ne s’est pas très bien passé ; il a été mis sur le banc et on a parlé d’un clash avec vous. Est-ce que André Onana a été un gros souci pour le Cameroun à la Can ?

Il ne s’agit pas d’André Onana ou de Samuel Eto’o. Il s’agit d’une institution et des joueurs. Des joueurs ont des droits et des devoirs.

Est-ce que ça voudrait dire qu’Onana n’a pas rempli ses devoirs, est ce qu’il y a eu des problèmes de comportements de sa part, de manque de respect peut être ?

Je ne viendrais pas ici exposer un de mes joueurs. Si non, je ne suis plus président. Mais ce que je dis et c’est valable pour tous ceux qui veulent venir jouer en équipe nationale du Cameroun, il faut qu’ils sachent qu’il y a une institution qui doit toujours rester au-dessus de tout le monde. Si non, on n’a plus un cadre de vie, il n’y a plus de règles.

Il reste sélectionnable ?

Ce n’est pas à moi de décider, c’est au prochain sélectionneur.

Il y a eu beaucoup de polémiques ces derniers temps autour de vous, vous ne vous êtes pas exprimés, sans doute à dessein ; je ne pourrais pas toutes les résumer, mais disons qu’en août dernier, la Confédération africaine de football a ouvert une enquête sur vous pour des soupçons de comportements inappropriés, alors il y a toute une liste. On a parlé d’abus de pouvoir, de menaces physiques, de trucages de matches sur la base d’enregistrements que vous auriez eus avec un de vos amis pour favoriser son club en parlant aux arbitres. Est-ce que vous avez déjà été interrogé, est ce qu’elle a toujours lieu, est-ce que ça vous inquiète ?

Ecoutez, j’ai trouvé cela tellement léger. Figurez-vous que je n’ai jamais été interrogé.

Aucune n’enquête n’a été ouverte et on ne vous a pas posé des questions ?

On a fait un communiqué pour dire qu’une enquête était ouverte, mais je n’ai jamais été interrogé sur quoi ce soit. Je suis allé plus loin, parce pendant plus de 22 ans, la seule chose que j’ai su faire, c’est de jouer au football. Pour ceux qui ont suivi ma carrière, j’étais un joueur qui a toujours respecté     le fairplay. Et ce n’est pas en devenant président que je vais changer cette attitude que j’ai eu. Je pense qu’on devient grand quand on respecte les autres, même quand on perd, surtout quand on perd. J’ai demandé à mes avocats de porter plainte à la Caf pour que les responsabilités soient établies. C’était trop facile de salir tout ce que j’ai pu construire pendant toutes ces années dans le monde du football. Maintenant, s’agissant de ce que les uns et les autres peuvent dire, je pense qu’il y avait un cadre dans lequel je pouvais apporter des éléments qui allaient éclairer les doutes qu’on pouvait avoir. Beaucoup de choses ont été créées. C’est aller dans tous les sens. Mais je déplore juste que l’instance faîtière du football africain s’est prononcée beaucoup trop tôt à travers un communiqué sans même prendre la peine 7 à 8 mois  m’interroger. C’est un comportement inacceptable. Donc, il faut que les responsabilités soient établies afin qu’on dise exactement ce qui s’est passé. C’est très facile d’accuser des gens sans apporter les preuves.

J’ai parlé des acteurs du football camerounais, certains d’entre eux, est ce qu’il y a des acteurs politiques qui, d’après vous, cherchent à vous mettre des bâtons dans les roues ; on  a parlé du ministre des Sports, du secrétaire général à la présidence de la République peut être, est ce qu’il y a des gens haut placés, puissants, pas seulement dans le football, qui pensent que Samuel Eto’o ne devrait pas être là où il est ?

J’ai de très bonnes relations avec le Secrétaire général à la présidence, que j’appelle affectueusement mon grand frère, même s’il est mon patron. Même si j’entre dans la politique que je ne comprends pas et qui est très tordue, je ne vais pas penser que mon grand frère ferait des choses dans mon dos. S’agissant du ministre des Sports, mon patron direct, il est vrai que notre relation est difficile, j’aurais préféré avoir une relation beaucoup plus proche. Mais je ne me plaints pas plus que ça.

Beaucoup s’interrogent sur vos ambitions politiques, vous étiez à l’investiture de Georges Weah qui est devenu président du Libéria, vous êtes certes un ancien grand champion, vous êtes président de la fédération, on sait à quel point c’est important au Cameroun, est ce que un jour vous pourriez être candidat à la présidence de la République ?

La plupart des problèmes que je rencontre, c’est parce qu’on me prête les intentions de devenir chef d’Etat au Cameroun.

On se trompe ?

Je ne peux pas dire qu’on se trompe, parce que cette idée n’a jamais traversé mon esprit. Aujourd’hui, j’ai tellement de choses à faire que, ce n’est pas quelque chose qui traverse mon esprit. C’est vraie que j’étais allé accompagner mon ainé Georges Weah le jour de son investiture, c’était beau de voir un footballeur se reconvertir en politique, devenir quelqu’un d’important qui va changer  le quotidien de ses compatriotes. C’était beau. Mais pas plus.

Vous avez soutenu Paul Biya en 2018, est ce que vous maintenez ce soutien s’il se représente par exemple en 2025 ?

J’ai apporté mon soutien à Son Excellence monsieur Paul Biya en 2018, pour des raisons qui m’étaient propres, l’élection approche, laissez la arriver, je me prononcerai le moment venu. Mais jusqu’à preuve de contraire j’accompagne toujours le président de la République

Entretien France 24 décrypté par Blanchard BIHEL 

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