La Regifercam a été dissoute en 1999 par décret présidentiel. 10 mois plus tard, une nouvelle convention de concession a été signée pour une durée de 30 ans. Cette convention a cédé à la société Camrail, l’exploitation technique et commerciale des services de transport ferroviaire ; la maintenance, le renouvellement, l’aménagement et l’exploitation des infrastructures ferroviaires ; la gestion courante du domaine ferroviaire.
La Régie nationale des chemins de fer du Cameroun, en abrégé « Regifercam », est créée par l’arrêté du 17 juillet 1947. Pour exploiter le réseau de chemin de fer, elle prend durablement place dans la vie du peuple bassa en tant que principale artère de transport des personnes et des biens jusqu’à sa privatisation en mars 1999. Puisqu’à l’indépendance jusqu’à la fin des années 1990, le réseau routier reste très limité. Le développement de l’État se fait par le chemin de fer et le tronçon entre au moins Douala et Yaoundé est majoritairement construit en Pays Bassa Mpoo Bati.
L’Office du Chemin de Fer Transcamerounais est chargé de conduire d’importants travaux de construction et de rénovation qui donne énormément de travail aux populations Bassa Mpoo Bati, les trains restant aussi très exploités pour les productions rurales. Le réseau qui se développe, permet à des familles bassa de s’installer jusqu’à la région de l’Adamaoua (la construction de la ligne Yaoundé-Ngaoundéré a lieu entre 1964 et 1974), puis à l’Ouest lors de l’Unification (ligne de Mbanga à Kumba). C’est aussi fort de ce fait que l’on constate la facilitation pour des exodes saisonniers des fils et filles Bassa Mpoo Bati le long des villes à fort potentiel scolaires, économique et politiques. La Regifercam est inscrite en 1996 dans le processus de privatisation par l’État camerounais, les craintes pour les fortes compressions pour les effectifs de cheminots crée un vent de détresse sans oublié la devaluation du FCFA en 1993.
Lorsque la Regifercam est liquidée, la réalisation de l’actif et de l’apurement du passif voient des éléments respectifs ne pas être repris pour le compte du Concessionnaire nouvellement arrivé Camrail comme la reconduction des contrats de travail. Le Titre de la Convention de concession de l’activité ferroviaire au Cameroun signée le 19 janvier 1999 entre la République du Cameroun et la société Camrail met l’Etat dans l’obligation de réduire sa charge financière liée au transport ferroviaire, inverser les flux (entre l’État et le concessionnaire) et d’améliorer durablement l’efficacité du secteur des transports ferroviaires (augmentation de l’offre de transport ferroviaire et de la productivité du personnel. Les familles Bassa Mpoo Bati en ont beaucoup souffert comme avec la Cellucam, mais une politique sociale est alors mise en route pour accompagner les licenciements. Hors la Regifercam est dissoute par le décret présidentiel du 19 mars 1999 et la Compagnie de transport ferroviaire au Cameroun, Camrail (Cameroon Railways) doit prendre le rail avec des déficits terribles. Son slogan « Votre avenir va bon train » a donc du sens car l’effort pour contenter les populations Bassa Mpoo Bati est allé doucement mais de mieux en mieux.
Avec comme actionnaires, la SCCF du Groupe Bolloré (77,4 %), l’État du Cameroun (13,5 %), Total Cameroun (5,3 %), SEBC (Thanry) (3,8 %), la Société mère Bolloré Transport & Logistics et la Société(s) sœur(s) et Sitarail (Côte d’Ivoire), CAMRAIL débloque chaque année de ses fonds propres soit 11 303 909 000 F.CFA (17 232 698 euros) pour la politique sociale. Remarquons aussi qu’avec un Chiffre d’affaires de 92,3 M € (2007), les 1000 kilomètres de rails écartés sur (1 000 mm), on peut évaluer le pourcentage de Bassa Mpoo Bati dans le trafic « voyageurs » soit 1,4 million de voyageurs à au moins 500.000 et dans le Trafic « fret » de 1,6 million de tonnes, un part Bassa Mpoo Bati d’au moins 100.000 tonnes.
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C’est dire donc que Camrail et actionnaire de référence est Bolloré Africa Logistics ont un grand lien avec la communauté Bassa Mpoo Bati. Le réseau ferré qui témoigne de la forte coopération économique et sociale avec la communauté Bassa Mpoo Bati, a pour terrain d’observation les 517 kilomètres où l’on peut distinguer la ligne Douala – Yaoundé, construite entre 1908 et 1927 (Douala, Éséka, Yaoundé) ; mais aussi la ligne Douala – Nkongsamba construite entre 1906 et 1911. Camrail gère aujourd’hui un réseau à voie unique d’environ 1 000 km, à écartement métrique.
La gestion des accidents ferroviaires commence à prendre une allure plus responsable en vue d’apaisement. CAMRAIL choisit de plus en plus de ne pas prendre des locomotives chinoises comme celles impliquées dans la mort des 79 personnes et 551 blessées sans oubliés des rescapés comme l’Artiste Koppo. CAMRAIL fait de plus de d’audit infrastructurel pour mieux recommander la vitesse et la surcharge du train en termes de prévention et gestion des risques. Une autre doléance du peuple Bassa Mpoo Bati fut la relance des voyages avec le train interurbain InterCity, chose aujourd’hui faite depuis avril 2021 et une programmation de plus en plus rigoureuse des horaires des autorails reliant Douala à Yaoundé avec en objectif de de faire les deux heures une fois la voie modernisée. Actuellement, les renouvellements du parc ferroviaire est la priorité (locomotives pour trains de voyageurs par l’État et 5 pour les marchandises par Camrail). Le transport de passagers en zone Bassa Mpoo Bati concerne surtout la desserte TransCam 1 (Douala – Yaoundé) qui est desservi par trois types de trains. Le train direct « InterCity » (151/152 et 153/154)[14] sans arrêt qui rallie Douala à Yaoundé en 3 h 40. Ce train est composé de deux voitures de première classe climatisées et de quatre voitures « Premium » ventilées. La liaison est suspendue, depuis l’accident ferroviaire en 2016 à Éséka.
L’InterCity a permis de faire baisser la mortalité sur la route de 25%. Des trains Omnibus (103/104) desservent toutes les gares et arrêts ; ils sont composés de voitures de 2e classe et fourgons collecteurs adaptés au transport des colis et bagages. Ils aident au désenclavement des zones rurales et permettent l’acheminement des produits vivriers vers les grandes villes. Des trains semi-directs (181/184), composés de rames classiques (voitures 1re et 2e classe, bar restaurant, fourgons générateurs) desservent les grandes zones et chefs-lieux d’arrondissement. Camrail transporte en moyenne 1,7 million de tonnes de marchandises par an. Mais aussi les Bassa Mpoo Bati et CAMRAIL commence à s’entendre sur les exigences de sûreté des passagers et des marchandises qui est assurée par SECURITE CAMRAIL, Police spéciale du chemin de fer subdivisée en quatre commissariats, quatre sociétés de gardiennage assurent la sécurisation des postes fixes et du matériel roulant SEMIL et Gendarmerie assurent respectivement la gestion des hommes en tenue et la sécurité des sites sensibles. Dans ces trois organes la sollicitation des Bassa Mpoo Bati est clairement intéressante sur la ligne Douala-Yaoundé. Chose que les riverains Bassa Mpoo Bati demandent à y être plus impliquée surtout pour assurer l’entretien et la surveillance de la voie. Il en est de même pour la sécurité incendie qui est animée en interne par des agents Camrail formés selon normes en vigueur mais la représentativité Bassa Mpoo Bati est structurée autour des dispositifs de Prévention (Formation / sensibilisation du personnel et tiers opérateurs), Intervention (Parc de 800 extincteurs portatifs et fixes répartis sur l’ensemble du réseau et trois camions incendie, et la sécurité de l’environnement des emprises ferroviaires, se décline à travers plusieurs actions. CAMRAIL, dans sa gestion des rapports avec les riverains Bassa Mpoo Bati du rail les implique pour les travaux de désherbage, nettoyage/curage des ouvrages d’arts.
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Il est de même dans la prévention de la pollution surtout en ce qui concerne l’assainissement et le maintien en état de propreté des lieux de travail et sites Camrail (entretien des bâtiments et des espaces verts, de la station d’épuration et des séparateurs d’hydrocarbures, vidanges des fosses septiques, désinsectisation et dératisation des locaux) mais aussi la protection de la faune et de la flore ou meme la veille au transport du bois légal.Le 22 octobre 2012, le 21 octobre 2016 et plusieurs accidents mortels en 2019 ont poussé progressivement CAMRAIL a lancé une opération de sensibilisation à la sécurité aux passages à niveau depuis 2020. D’ailleurs, toujours dans le social, le salaire mensuel moyen d’un agent Camrail a doublé en 10 ans, passant de 245 000 Francs CFA à 410 000 Francs CFA. En outre, Camrail assure à 80 % la couverture des soins médicaux des agents et de leur famille ; ce qui représente un effectif social de 10 000 personnes. Sa politique d’emploi gère au moins 2100 agents et développe la sous-traitance avec 1 200 emplois directs au travers d’une vingtaine de sociétés. Les agents sont rassurés sur l’accès à divers services (cantines, dortoirs…). Il en va même de la prise en charge intégrale des agents porteurs du VIH. On n’a pas assez de détails sur la politique associative avec la présence d’une Association Sportive (AS Camrail), et d’une mutuelle des travailleurs du rail (MUTRARAIL).
Mais en ce qui concerne la mise sur pied d’une politique soutenue de formation du personnel (140 000 heures de normatif pour 200 millions de Fcfa d’investissements en 2013), elle est accessible aussi bien aux fils et filles Bassa Mpoo Bati. On note aussi que le service de restauration du personnel offert à travers des cantines dans les principaux sites du réseau et des dortoirs aménagés pour le personnel d’astreinte, s’améliore tout comme le dialogue agissant entre la Direction Générale et le personnel a été institué. Des commissions paritaires se tiennent deux fois par an entre les représentants du personnel et la Direction générale. Classé dans le « top 5 » des entreprises sociales du Cameroun d’après un classement de l’association sur les maladies tropicales (Ascomt), Camrail fait partie des entreprises socialement responsables [réf. nécessaire].
Elle s’est distinguée par des actions comme l’aménagement de 32 points d’eau potable (puits et forages) dans plusieurs gares du réseau ou encore le soutien d’un montant de près de 400 millions de Fcfa par année aux populations impliquées dans le désherbage et la sécurisation de la voie ferrée. La lutte contre le braconnage, à travers des actions destinées à la protection de la faune et de la flore qui sont encadrés par un mémorandum d’entente, avec le Ministère des forêts et de la faune. Le soutien aux formations hospitalières (dons de 75 matelas à l’hôpital protestant de N’Gaoundéré, dons de matériels médicaux aux hôpitaux de Douala, Edéa (check points Bassa Mpoo Bati) et Belabo, dons de kits au Comité de lutte contre le Choléra à N’Gaoundéré. CAMRAIL est impliqué dans la mise en place d’une ligne de bus électriques desservant l’université de Yaoundé, la construction des passerelles piétonnes à Mvolyé (Yaoundé) et Bassa (Douala) et des appuis multiformes aux organisations publiques et privées.
Simon DUPONG