Chants, danses, jeux et arts
Les Bassa utilisaient le chant, la chanson et les complaintes pour raconter leurs exploits. On les subdivise en trois groupes. Les chants religieux étaient pratiqués au moment de certains rites de passages tels la naissance, l’exorcisme, la bénédiction, le mariage, l’enterrement ; les chants magiques accompagnaient les séances de guérison ; les chants populaires ou profanes étaient chantés par les femmes à l’occasion d’une victoire sur les tribus ennemies ou par les poètes. La danse était toujours associée au chant. Ainsi il y avait plusieurs instruments musicaux permettant d’épouser les danses y afférentes. On distingue ainsi les instruments à rythmes, tel le m’be, bambou strié sur lequel on frottait un anneau ; les instruments à cordes, ndinga, qui est une guitare et hilun, une cithare ; les sép, hikos et hion sont trois grands groupes d’instruments, utilisés pour transmettre des informations.
Parmi les instruments à percussion, il y avait le xylophone (mandjan), le tambour (ngom), le tam-tam téléphone (nku). Les gongs (minkén) se présentaient sous deux formes, sô pour la danse religieuse en général et kon pour la danse religieuse des femmes. Les Bassa disposaient de cinq catégories de danses. Les danses religieuses des hommes (bisôô, njé nku, lihpongô) étaient des danses d’expiation au retour des expéditions guerrières. Elles n’étaient pratiquées que par certains hommes, essentiellement ceux ayant fait preuve de bravoure au combat. Il leur fallait expier les meurtres des ennemis auprès des ancêtres, même si c’était durant la guerre. Les instruments utilisés étaient les ngongs.
La danse de la panthère (Njé Nku) était une danse réservée aux hommes léopards (njé veut dire panthère). Les danses magiques ou rituelles (ifon) étaient pratiquées pour la guérison des malades, l’objectif étant de chasser les mauvais esprits. Les danses des femmes (koo, bikéhên ou minkên) étaient pratiquées pour la guérison des malades et chasser les mauvais esprits. Les danses mbân, makune, hikwé étaient celles des jeunes. Le hikwé est une des variantes du mbân et du makune, pratiqué par tout le monde.
Les Bassa avaient plusieurs jeux pour se distraire. La lutte (masin) se pratiquait entre deux individus, l’objectif étant de mettre l’arrière de la tête de son adversaire au sol. Le njéga était un jeu qui se jouait à deux sur une pièce de bois conçue pour la circonstance. Le mbônpa était un jeu pratiqué par les jeunes gens afin d’évaluer leur bravoure et leur témérité.
Les Bassa pratiquaient la scarification (dikep) et la chirurgie dentaire à visée esthétiques (njôlô). Les scarifications étaient spécifiques aux femmes et pratiquées en général au bas-ventre et au dos ; elles étaient présentées comme des atouts de beauté. Les tatouages étaient pratiqués tant par les hommes que les femmes, bien qu’ils aient des significations différentes. La chirurgie esthétique dentaire était pratiquée par un spécialiste et consistait à créer un espace entre les deux incisives supérieures afin de faire ressortir la beauté de la dentition. Une autre forme de dessin normalisé était aussi pratiquée sur les mobiliers (calebasses, cuvettes en bois, peignes).
Habillement
Le Bassa primitif arborait un cache-sexe (hikubi) fait d’écorce d’arbre (po), retenu par une ceinture faite de la même matière. Le torse était nu et parfois recouvert d’une peau de panthère. Le chef de la tribu arborait en outre des bracelets d’ivoire (dikom dimoo) et des colliers d’ambre (bakola). Les femmes arboraient des cache-sexes faits de feuilles de plantes (Mandoga) ou des jupes tressées en fibres de raphia (mabui ma bisôhô). Les esclaves de cette époque portaient des boucles d’oreilles qui les distinguaient des nobles de la tribu. La toilette de la femme évolua au contact des premiers Européens, avec le port d’une sorte de robe qui la couvrait à partir des seins, lesquels n’étaient pas couverts jusqu’alors. Au fil du temps, la garde-robe bassa évolua au point de se conformer au style occidental.
Religion
Bayemlikok, Ba tuu pêg, Hilolombi, Djob, Kimaltjai, Malkal, Njombongo, Nyambe et Sôkbôk.
Le Nyambéisme est un système de croyance basé sur Nyambe. « Nyambe » est le nom principal donné à Dieu par plusieurs peuples bantous. Une des variantes du Nyambéisme Africain se retrouve dans le Mbog des Bassa du Cameroun. Le peuple Bassa a toujours cru à l’existence d’un ancêtre commun appelé Hilôlômbi « celui qui vit de toute éternité » ou ngué « ancêtre commun ». Ce concept se veut tout simplement logique : si je vis, c’est qu’il y a eu quelqu’un avant moi, et ce dernier est le produit d’un autre et le cycle se répète jusqu’à l’infini. La religion bassa n’est pas dogmatique, tout le monde est accepté à partir du moment où l’on appartient à une famille, qu’on soit un natif ou un étranger.
Un panthéon foisonnant
Les fondements et croyances du peuple Bassa sont essentiellement endogènes et relèvent des traits propres à leur culture. La Religion du Nyambe chez les Bassa n’est pas une Religion révélée. Il s’agit plutôt de l’expression des efforts constants des patriarches, qui, au cours de leur histoire, cherchaient à comprendre l’univers et à y vivre en harmonie. C’est de cet ensemble d’idées, comportements, attitudes et usages que naîtra une religion dans laquelle on croit en un Dieu unique universel. Cette religion se veut naturelle mais pas irrationnelle, car elle répond à un besoin qui est de retrouver son créateur par la lignée des ancêtres. Croire à l’existence de l’ancêtre est la loi suprême.
Si on existe, c’est forcément qu’on a un ancêtre (me yé, me nin, hala we me gwé basôgôl) : Dieu est le créateur, l’ancêtre en est son produit et le père biologique est le plus proche représentant de cet ancêtre. De ce fait il faut respecter et toujours porter assistance aux anciens de la famille et de la communauté, car du fait de leur primogéniture et leur maîtrise de la tradition, ils constituent la mémoire vivante de l’ethnie. De plus, ce dernier peut se réincarner n’importe où et n’importe quand, et le respect dû aux anciens doit donc être général. C’est l’une des raisons pour lesquelles les Bassa choisissent de se faire enterrer chez eux, dans leur village afin d’être proche de leurs ancêtres « plutôt auprès de mes ancêtres qu’ailleurs ». Parmi les anciens, l’oracle (mut ngambi) est le devin chargé des ordres de l’au-delà.
La religion bassa propose aussi un panthéon terrestre, aérien et aquatique. Le panthéon céleste est composé de trente-six de 36 divinités dont les neuf principales sont les suivantes : la terre (isi) ; le ciel (ngi) ; la lune (Sôn) ; l’arc-en-ciel (nyum) ; le soleil (hianga) ; le harmattan (mbebi) ; la biosphère (libu) ; l’atmosphère (aakôp) ; le créateur (Hilôlômbi). Les neuf dieux du panthéon terrestre étaient les suivants : Ngambi (animal totémique de l’ethnie, oracle du peuple) ; Ngé (divinité protectrice de la justice et du commandement de l’univers bassa) ; Um (divinité de la guérison, de la médecine et des manifestations culturelles); Kôô(déesse protectrice des femmes, de la fécondité) ; Njeg (dieu de la vengeance, de l’ordre et de la police) ; Ngena (dieu des maladies) ; Kul (dieu du parjure) ; Hu (dieu de la voyance) ; Lep-Liemb (dieu de la connaissance de l’âme humaine).
Le premier pasteur Bassa
Le peuple Bassa considère la grotte de Ngog Lituba comme un lieu saint. Ce lieu fait actuellement l’objet de plusieurs disputes entre l’église catholique et les autochtones. Les Bassa avaient aussi neuf lieux sacrés et dans chaque lieu sacré, on vénérait les neuf divinités terrestres. Les lieux sacrés étaient les suivants : Ngog Lituba, Li Boi Li Ngog, Yum Nge, Son Nlolo, Sebe, Tun Likan, Si Ndongi, Bum Nyebel et Ngog Bason .Néanmoins, la pensée traditionnelle religieuse des Bassa a beaucoup évolué du fait de la rencontre d’autres cultures religieuses, notamment le christianisme. La première église catholique fut construite par des pallottins allemands, en 1890, à Marienberg (village d’Elog Ngango), petite localité située à une cinquantaine de kilomètres d’Édéa.
En 1932, on dénombrait quatre prêtres indigènes Bassa et le premier pasteur Bassa était nommé Joseph Tjega. Aujourd’hui on dénombre plusieurs évêques, prêtres et religieuses Bassa.
Éducation
La première école se trouvait à Edéa et portait le nom de Centre de Certificat d’études. Comme la plupart des langues confrontées à d’autres cultures, la langue Bassa a incorporé certains emprunts et évolué avec le temps. On distingue quatre périodes de son évolution, le bassa parlé avant 1472, le bassa parlé entre 1472 et 1919, le bassa parlé entre 1919 et 1945 et le bassa parlé aujourd’hui.
En 1900, le docteur Darvin Flo Lewis découvre que les premiers esclaves noirs issus du peuple Bassa utilisent un alphabet commun, appelé vah, qu’ils écrivent avec du charbon de bois. La langue basaá (ou bassa) appartient au groupe des langues bantoues. Elle est parlée par environ 400 000 personnes autour des villes d’Édéa, d’Éséka et de Douala. Elle possède des caractéristiques phonétiques et grammaticales communes à beaucoup d’autres langues bantoues, comme les classes nominales, le « b » implosif et un système à tons : ton haut, ton bas, ton bas-haut, ton haut-bas, ton moyen. La langue est transcrite au moyen d’un alphabet latin adapté, comprenant les consonnes, voyelles et accents spécifiques aux langues bantoues.
Spécialités culinaires
Divers produits importés depuis 1472 font partie de la consommation journalière des Bassa : rhum, sel. Quelques plats camerounais très connus sont originaires du pays bassa, dont la sauce Bongo’o, et le Mintoumba. Le Mintoumba est un pain de manioc fait à partir du roui de manioc malaxé et mélangé avec de l’huile de palme, du sel, des épices et du piment, le tout roulé et ficelé dans une feuille de bananier.
Par S.D.